100 ans de cinéma japonais à la Cinémathèque (1ère partie)

La Cinémathèque, Du 26/09 au 22/10

Il y a 150 ans, le Japon entrait dans l’ère Meiji, amorçant ainsi un mouvement d’ouverture vers la modernité et l’Occident. De cette rencontre naquit le mouvement du japonisme, esthétique de l’harmonie et du respect de la nature célébrée cette année en France à travers plusieurs instituts culturels, dont la Cinémathèque Française. Le cycle Japonismes : âmes en résonances y durera toute une saison.

Du 26 septembre au 22 octobre 2018, la première partie du cycle se concentrera sur une période relativement méconnue et pourtant décisive pour le cinéma japonais. Cette époque se situe plus exactement entre les années 1920 et le début des années 1940. On y croise certes quelques noms connus des cinéphiles, parmi lesquels Kenji Mizoguchi ou encore Yasujiro Ozu. Quid de Hiroshi Shimizu ? De Daisuke Ito ? Et de Tomu Uchida ? Ces cinéastes ont contribué chacun à leur façon à faire entrer le 7ème art japonais dans la modernité. Il n’y a qu’à se pencher sur l’incroyable productivité de l’industrie cinématographique entre 1923 et 1939 pour s’en rendre compte. Et pourtant, l’histoire du cinéma japonais s’ouvre sur un cataclysme, un violent séisme ravageur qui n’épargna pas les quelques studios déjà existants. Nombre de jeunes cinéastes migrèrent alors vers Kyoto pour y tourner principalement des films de sabre. Une oeuvre majeure comme Orochi de Buntaro Futagawa, symbole du genre, marque une amélioration des techniques de prises de vue sur la forme mais également l’introduction inédite des problématiques contemporaines sur le fond. Il s’agit maintenant de parler au grand public sans éveiller les foudres de la censure.

Au cours des années 20, le Japon finit par produire davantage de films que les principaux pays européens. De nouveaux genres apparaissent sur les écrans, témoins de l’industrialisation de l’archipel, comme le shomingeki (drame populaire). Ces films sont tournés principalement dans la banlieue de Tokyo par la Shochiku. Ils dépeignent avec réalisme le quotidien du Japonais moyen sur un ton à la fois triste et ironique. C’est finalement l’avènement du parlant, importation américain, qui donnera ses lettres de noblesse au genre. Madame et épouse de Heinosuke Gosho restera dans l’histoire du pays comme le premier film sonore nippon. Le passage au parlant restera cependant graduel à cause de la pression exercée par les benshi, employés par les cinémas pour décrire l’action du film aux spectateurs.

A l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, on observe donc un paysage cinématographique nuancé où les cinéastes s’emploient tant bien que mal à relever les nouveaux défis technologiques. Les célèbres studios Toho se créent ainsi pour se consacrer uniquement à des productions sonores en 1936. Ce cinéma “pré-code” va cependant devoir se plier à l’effort de guerre, limitant la marge de manoeuvre de l’industrie face à la militarisation et à la paupérisation du pays. La programmation de la Cinémathèque se fait le reflet de cette période d’émancipation, pleine d’espoirs et d’amertume, en projetant pas moins de 25 films. On attend particulièrement avec impatience la soirée d’ouverture qui prévoit la projection du film Orochi accompagnée par le spectacle du Benshi Sakamoto Raiko et ses musiciens.

Informations pratiques :

Quand ? Du 26 septembre au 22 octobre 2018
Où ? La Cinémathèque Française
Combien ? 7€ (plein tarif) / 5,50€ (tarif réduit) / 4€ (- de 18 ans)

http://www.cinematheque.fr/cycle/100-ans-de-cinema-japonais-1ere-partie-466.html