Expo : Il était une fois Sergio Leone

La Cinémathèque Française, du 10/10 au 27/01

Sergio Leone appartient à cette catégorie de cinéastes tout à la fois chéris très tôt par le grand public et honnis par certains cinéphiles de l’époque. Le petit Romain qui s’amusait un peu trop à jouer dans la cour des grands avec ses westerns de seconde zone a désormais droit à une exposition et à une rétrospective au coeur même de la Cinémathèque, près de vingt-cinq ans après sa mort.

Nous sommes en 1964. Le western, genre populaire par excellence, se meurt à petit feu sous la houlette d’un John Ford vieillissant qui livre son élégiaque Cheyenne Autumn.  Surgit alors un éclair dans le paysage cinématographique : Pour une poignée de dollars, réalisé par un certain Sergio Leone sur un canevas de Dashiell Hammett (La Moisson Rouge) et du Yojimbo d’Akira Kurosawa, énième source d’inspiration qui sera projeté en séance spéciale le jeudi 11 octobre. Sa mise en scène expressionniste ravive les codes du genre avec des gros plans silencieux sur des visages stoïques, rappelant les grandes heures du muet. La musique grandiose, elle, est signée du génial Ennio Morricone. Ce style formaliste et néanmoins violent lui permet de conquérir le public en une poignée de films, à peine onze long-métrages. Le triomphe commercial incontestable de ses oeuvres révèle le savoir-faire efficace du réalisateur. Le western est pour lui une affaire sérieuse qu’il ne souhaite pas dénigrer, contrairement à ce que son formalisme laisserait penser. Mieux, sa filmographie révèle un auteur capable de dessiner sa propre géographie d’un Ouest imaginaire avec des tournages en Espagne dans la Sierra Nevada pour simuler la frontière mexicaine.

Non, Leone n’est certainement pas l’homme du sous-genre. Il participe au contraire au mouvement de démythification de l’histoire américaine dans la lignée du Soldat Bleu de Ralph Nelson, avec l’évocation des bounty killers dans Et pour quelques dollars de plus, du camp de concentration d’Andersonville dans Le Bon, la Brute et le Truand ou encore des massacres d’Indiens dans Il était une fois dans l’Ouest, allusion à peine cachée à la guerre du Vietnam. Le réalisateur ne s’impliquera par la suite que brièvement dans la contre-culture politique avec Il était une fois la Révolution, manifeste sceptique des grandes oeuvres collectives de gauche. Il finira sa carrière en assumant pleinement son goût pour le mélodrame, avec le majestueux Il était une fois en Amérique, l’oeuvre “de trop”, aussi bien simpliste que sophistiquée, finie qu’inachevée. Ses détracteurs en profiteront alors pour critiquer vivement sa superficialité. Reste qu’aujourd’hui tout le monde connaît au moins l’un de ses films ou une réplique. Par-delà le réalisateur de génie, la Cinémathèque propose également de faire découvrir le Sergio Leone producteur avec des oeuvres comme Mon nom est Personne de Tonino Valerii ou encore Qui a tué le chat ? de Luigi Comencini. Cette rétrospective nous invite à redécouvrir le paysage mental du cinéaste à travers les grands espaces américains, un colt à la main, sur une mélodie mélancolique jouée à l’harmonica.

Informations pratiques :

Quand ? Du 22 octobre au 5 novembre 2018
Où ? La Cinémathèque Française
Combien ? 7€ (plein tarif) / 5,50€ (tarif réduit) / 4€ (- de 18 ans)

http://www.cinematheque.fr/cycle/exposition-sergio-leone-462.html