Rétrospective : Alberto Lattuada

Du 30/01 au 25/02, La Cinémathèque

Son nom n’évoque pas grand chose à un jeune public qui n’a pas pas connu les heures de gloire du cinéma italien. Alberto Lattuada a néanmoins donné ses lettres de noblesse au genre de la commedia all’italiana jusqu’à réinventer le genre au terme d’une très riche production longue d’un demi-siècle. La Cinémathèque braque ses projecteurs sur l’oeuvre inclassable du cinéaste italien, trop souvent resté dans l’ombre de ses pairs.

Alberto Lattuada semblait mettre un point d’honneur à se faire comprendre tardivement de ses contemporains, et donc à prendre une longueur d’avance sur son époque. Il ne fricotera ainsi que très rapidement avec le néoréalisme (Le Moulin du Pô,1948) avant de s’épanouir pleinement dans le genre comique avec l’aide de ses fidèles acolytes Alberto Sordi (Mafioso, 1962), Ugo Tognazzi (Venez donc prendre le café chez nous, 1970) et Sophia Loren (Une bonne planque, 1971). Convaincu des rapports existentiels entre cinéma et littérature, le cinéaste adapte également des oeuvres d’inspiration russe dont Le Manteau en 1952 et Coeur de chien en 1976. Mais Lattuada se révèle avant tout un artiste à l’écoute du désir féminin (voir La Novice, 1960), ce qui le mènera parfois à signer des oeuvres oscillant le camp et l’érotisme avec La Bambina en 1974 et Fräulein Doktor en 1968. Le cinéaste dépeint un homme souvent solitaire, réduit à son état enfantin par bien des aspects, notamment via une sexualité régressive. De leur côté, les femmes, quant à elles, n’hésitent pas à exploiter ces appétits masculins. Le réalisateur finira même par s’intéresser à l’éveil de la sensualité adolescente (Guendalina, 1956). Ce fin portraitiste révèle ainsi au public de nombreuses actrices dont Silvana Mangano, Catherine Spaak ou encore Nastassja Kinski). Son oeuvre placée entre l’après-guerre et le règne de Berlusconi n’épargne ni le cynisme de classe, ni les pulsions déchaînées de ses contemporains.

La projection de trente-six oeuvres de Lattuada suffisent à convaincre de l’impossible catalogage de sa production. La Cinémathèque propose ainsi de revoir son premier film, Giacomo l’idealista, daté de 1942, déjà placé sous le signe de l’hybridation des genres, entre film social et comédie érotique. Sexe et hypocrisie de classe culmineront plus tard dans sa filmographie, notamment avec L’Amica (1969). Ces longs-métrages témoignent des contradictions d’une Italie délivrée de la guerre, en proie à un nouveau conflit interne, celui qui oppose ambitions libérales et moeurs puritaines. La russophilie du réalisateur sera quant à elle mise à l’honneur avec les projections de La Tempête (1958) et La Steppe (1961), adaptés respectivement de Pouchkine et Tchekhov. Enfin sera projetée en exclusivité une série télévisée de quatre épisodes, Christophe Colomb, produite par la RAI en 1984, mais surtout dirigée par Lattuada. Cerise sur le gâteau, il reviendra au critique et historien du cinéma d’analyser cette oeuvre complexe et protéiforme à l’occasion d’une conférence organisée le mercredi 6 février à 19h. Mais qui êtes-vous Alberto Lattuada ?

Informations pratiques :

Quand ? Du 30 janvier au 25 février 2019
Où ? La Cinémathèque française
Combien ? Plein tarif 11€ / Tarif réduit : 8,50€ / – de 18 ans : 5,50€ / Libre Pass : Gratuit

http://www.cinematheque.fr/cycle/alberto-lattuada-486.html