Voici l’homme qui à lui seul osa faire la nique au système hollywoodien tout entier. La Cinémathèque française consacre une courte rétrospective à la carrière fulgurante d’Erich Von Stroheim. On y découvre comment ce-dernier grimpe les échelons des studios grâce à son premier film, Maris aveugles, réalisé en 1919 pour Universal. Ce premier coup d’éclat lui permet de forger son image d’officier autrichien guindé dans un uniforme militaire cintré. Mais surtout Maris aveugles marque le premier scandale de sa carrière jalonnée d’oeuvres sexuellement explicites. La rétrospective ne s’attarde pas sur ces coups d’éclat. Au contraire, c’est en programmant Folies de femmes (1922) qu’on (re)découvre la sophistication de sa mise en scène qui vaudra au réalisateur, apprend-on, des dépassements budgétaires à répétition. Nombre de ses films finissent amputés par ses producteurs qui le licencient même en plein tournage. Stroheim s’attire aussi les foudres de la critique. Les Rapaces (1924) signe enfin son arrêt de mort. L’oeuvre crépusculaire réduite par les studios de 6 à 4h, bien avant qu’on ne la considère comme le plus grand chef-d’oeuvre de l’histoire du cinéma dans les années 50.
La programmation propose également d’autres films réalisés ultérieurement, dont La Veuve joyeuse (1925) et Queen Kelly (1932), tous deux laissés aux mains des studios avant leur sortie. Place désormais au cinéma parlant. Stroheim se consacre à sa nouvelle carrière d’acteur, dans une suite d’autoportraits pathétiques. Il est ainsi von Rauffenstein pour Jean Renoir dans La Grande illusion (1937) et Max von Mayerling pour Billy Wilder dans Sunset Boulevard (1950). Devenu fantôme du passé, Stroheim parle d’un au-delà mythique à ses spectateurs. Cette hypothèse fera l’objet d’une conférence organisée par Hervé Aubron, critique et professeur de cinéma le 28 février.
Informations pratiques :
Quand ? Du 27 février au 10 mars 2019
Où ? La Cinémathèque française
Combien ? Plein tarif 11€ / Tarif réduit : 8,50€ / – de 18 ans : 5,50€ / Libre Pass : Gratuit