Bon nombre de cinéastes contemporains, biberonnés au ruban de celluloïd avant de se voir obligés de suivre le mouvement du numérique, regrettent amèrement l’époque de la pellicule, celle où un film prenait toute sa valeur par sa fragilité même. Que dire des spectateurs habitués au ronronnement familier des projecteurs dans les salles obscures ? Amis cinéphiles, prêtez l’oreille : le Forum des Images remet justement le 35mm à l’honneur avec une programmation de choix pour finir l’année en beauté.
Nul besoin d’appartenir aux professionnels de la profession pour constater qu’aucun support ne peut égaler la profondeur et le grain de la pellicule argentique. Son charme repose avant tout dans une formule chimique, plus précisément une émulsion de bromure d’argent hautement inflammable. Vingt-quatre images par seconde suffisent ensuite à donner vie aux créations les plus folles des réalisateurs de tous poils. D’aucuns parleront de persistance rétinienne. Gageons plutôt que le cinéma imprègne sa marque dans l’inconscient collectif grâce au travail mémoriel de la nostalgie diffuse. C’est ce qu’on appelle plus communément des classiques. Ce sentiment procure par exemple des frissons quand on entend la musique improvisée de Miles Davis en écho à l’errance nocturne de Jeanne Moreau dans Ascenseur pour l’échafaud réalisé par Louis Miles. Ce film, vous aurez ainsi l’occasion de le redécouvrir en 35mm avec Les Amants, Le Feu Follet et Milou en mai.
Le Forum des Images inaugure aussi un cycle qui célèbre à sa façon Paris, paysage urbain cinégénique s’il en est. Qu’elle soit réelle ou reconstituée, le cinéma en a fait un décor de fiction pour des personnages aussi célèbres que La Reine Margot de Patrice Chéreau, le Cyrano de Bergerac interprété par Gérard Depardieu, ou encore le Joseph K. signé Orson Welles dans une adaptation de Kafka, Le Procès, tournée dans les ruines de la gare d’Orsay. Paris inspire même les cinéastes de tous horizons. Ainsi du finlandais Kaurismaki qui réunit un peintre albanais sans permis de séjour, un écrivain français et un compositeur irlandais dans son film La Vie de bohème. De même avec Le Voyage du ballon rouge filmé par le cinéaste taïwanais Hou Hsiao hsien, sans oublier l’adaptation anglaise du roman de Colette, Chéri, où Stephen Frears met en scène la dernière passion d’une courtisane quinquagénaire dans les années vingt. Il ne fallait personne d’autre qu’un passionné comme Serge Bromberg pour encadrer ce voyage dans un monde en voie d’extinction. Le Forum de Cinéma lui consacre donc un cours de cinéma pour raconter l’histoire des plus incroyables découvertes de trésors cinématographiques, de Chaplin à Méliès, de Gabin à Von Stroheim, jusqu’aux rushes retrouvés de L’Enfer de Clouzot. Et comme le clame haut et fort Tarantino, fervent défenseur de l’argentique : “Vive le cinéma !”.
Informations pratiques :
Quand ? Du 1er au 12 décembre 2018
Où ? Le Forum des Images
Combien ? Plein tarif : 6€ / Tarif réduit : 5€ / Tarif préférentiel : 4€ (sous réserve) / Cours de cinéma : entrée libre dans la limite des places disponibles
https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/tous-les-35-du-mois