Jusqu’au 31 juillet, la Halle Saint Pierre accueille une exposition sur l’oeuvre cinématographique du duo Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. Un lieu mythique, où à quelques mètres de là, Nino Quincampoix pourchassait Amélie dans les jardins du Sacré Coeur. L’occasion pour le public de (re)découvrir les oeuvres de ces maîtres de l’imaginaire et de plonger au coeur du processus créatif de ces deux génies du Cinéma.
Clap du film Delicatessen de JP.Jeunet et M.Caro (Zoé Stene)
Outre leur carrière solo, Marc Caro (Rude Raid 1985, La concierge est dans l’escalier 1987 ou encore Dante 01 2008), à la fois auteur de bandes dessinées, musicien électronique et cinéaste issu du cinéma d’animation et de la vidéo expérimentale, co-réalise avec Jean-Pierre Jeunet (Pas de repos pour Billy Brakko 1984, Alien 1997, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain 2001 ou encore Un long dimanche de fiançailles 2004) véritable autodidacte, une série de courts et de longs métrages dont certains sont désormais mythiques comme Le manège en1980, Delicatessen en 1991 ou encore La cité des enfants perdus en 1995. Et c‘est naturellement que l’une des associations les plus singulières du paysage cinématographique français a trouvé sa place dans ce musée d’art brut populaire.
Photos du tournage de “L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet” de JP Jeunet (Zoé Stene)
L’exposition se déroule dans la pénombre. Dans cet espace où le temps semble s’être arrêté, on y découvre l’univers des deux cinéastes. D’abord, au travers d’une vidéo exclusive; de Delicatessen au Fabuleux destin d’Amélie Poulain en passant par Alien, ces extraits de making-of propulsent le spectateur dans les coulisses de tournage. Ensuite, grâce aux objets cultes, comme la boîte à souvenir d’Amélie Poulain ou son cahier de photomaton ainsi que les créations de Gilbert Peyre (Micmacs à tire-larigot 2009), l’electromécanomaniaque découvert ici même par les deux réalisateurs.
Catalogue des photos du photomaton d’Amélie Poulain (Zoé Stene)
Egalement, par le biais de fragments de décors, maquettes, extraits de storyboard, illustrations, costumes et photos de tournage. L’exposition nous dévoile même les coulisses de films que nous ne verrons jamais, on y apprend que Jean-Pierre Jeunet avait proposé une première version de Life of Pi à Fox Searchlight, fruit de deux années de travail et qui ne verra pas le jour pour raisons budgétaires et à cause des limites techniques de l’époque.
Storyboards des différents films de JP Jeunet et M.Caro (Zoé Stene)
Au delà de nous renseigner sur l’immense travail de création artistique derrière chacun de ces projets cinématographiques, la force de cette exposition réside dans sa faculté à nous reconnecter à notre imaginaire. Entre rêve et réalisme poétique, ce véritable cabinet de curiosités parsemé de petits trésors aura vite fait de vous faire retomber en enfance.
Par Zoé Stene, publié le 28 juin 2018