Focus sur la 9ème édition du Nikon Film Festival

Chaque année, le Nikon Film Festival apporte son lot de surprises et de découvertes. L’édition 2019 a confirmé un véritable engouement populaire pour le festival avec pas moins de 1249 courts métrages de 2min20 sur le thème du partage. Focus sur le palmarès dévoilé lors de la Cérémonie de Remises de Prix où j’étais présent en tant que Juré du Prix des Médias.

L’édition 2019 du Nikon Film Festival a été placée sous le signe du renouveau. Déjà, parce que le CNC était pour la première fois partenaire de la manifestation avec une bourse de 3000€ destinée au Grand Prix du Jury. Ensuite, en nous surprenant avec un palmarès privilégiant l’humour, là où habituellement les films sociaux ont davantage leur chance. Sur les 50 finalistes présents à la Cérémonie de Remises de Prix, beaucoup sont repartis bredouille et certains se sont distingués avec les honneurs. Mais tous ont portés un regard sensible, engagé, ou décalé sur le thème du Partage.

Le Jury était composé de personnalités bien connues des cinéphiles. Sous la houlette de la réalisatrice Marjane Satrapi (Persépolis, Poulet aux Prunes, The Voices), les comédiens François Civil, Alice Isaaz, Louane Emera, et Pio Marmaï, mais également les journalistes Thierry Chèze (Rédacteur en chef de Studio) et Guillemette Odicino (Telerama, France Inter, Le Cercle Cinéma), Elisha Karmitz (directeur général de MK2 Agency), Pascale Faure (responsable des programmes courts de Canal +) et Alexandre Dino (membre de l’organisation du Nikon Film Festival) ont eu la lourde tâche de départager les 50 finalistes. Et ce n’est pas peu dire… En tant que Juré du Prix des Médias, j’ai pu être confronté à mon échelle aux mêmes dilemmes.

Grand Prix du Jury : “Partage” de Marc Riso et Johann Dionet

Quand je parlais de surprise, ce n’était pas une plaisanterie. Si “Partage” a un énorme potentiel comique en assumant complètement son concept full méta (sans la jacket), le lauréat du Grand Prix a provoqué des débats passionnés entre réalisateurs dans les couloirs du Nikon Film Festival… Un choix osé que le Jury assume complètement. Quant à son réalisateur Marc Riso, il a remercié que “la blague soit allée jusqu’au bout”. C’est peut-être le secret des grandes manifestations : sans cesse déjouer les pronostics.

Prix Canal + et Prix de la mise en scène : “Je suis si loin” de Léo Grandperret

“Je suis si loin” décline également un concept d’une redoutable efficacité : une équipe de trois riverains s’entraident pour sortir de chez eux. Le réalisateur Léo Grandperret réussit à faire naître un attachement à ses personnages par une comédie burlesque et une caractérisation au cordeau. Quand un événement anodin devient le plus grand des défis, le Jury est définitivement conquis.

Prix de Photographie : “Je suis de trop” de Maxime Baudin

Pour tous ceux qui ont vu “Je suis de trop”, le prix de la photographie est une évidence. Un cinquantenaire est terrorisé à l’idée de découvrir ses nouveaux collègues jusqu’à en faire un cauchemar sinistre. L’image est sublimée par la lumière crépusculaire du chef opérateur Fabio Caldironi, toute droit sortie d’un film de genre américain.

Prix d’Interprétation Féminine : Charlie Bruneau dans “Je suis samedi en quinze” de Yannick Privat

Le réalisateur Yannick Privat accorde depuis toujours une place prépondérante à ses interprètes féminines, notamment dans l’implacable “Barbara” qui l’avait fait auparavant connaître. Avec “Je suis samedi en quinze”, Charlie Bruneau se distingue par une partition d’une extraordinaire justesse, à la fois maîtrisée et spontanée.

Prix d’Interprétation Masculine : Victor Steil dans “Je suis avec eux” de Matthieu Ponchel et Prïncia Car

C’est dans un film tapageur sur une thématique difficile que le jeune comédien Matthieu Ponchel s’est fait remarquer. “Je suis avec eux” raconte une nuit de violences de manière brute et frontale où l’interprète s’en sort avec les honneurs par un jeu minimaliste et muet. Un tour de force récompensé par le Jury composé des acteurs François Civil, Alice Isaaz, Louane Emera, et Pio Marmaï.

Prix du meilleur son : “Virale” de Sophie Jarmouni

Sujet d’actualité rime souvent avec risque augmenté. Ici, la réalisatrice Sophie Jarmouni relève le pari avec son compositeur Jules Poucet en évoquant l’emballement des réseaux sociaux après le post d’une photo en apparence anodine. Le film réussit à prendre ses distances avec le format traditionnel du court métrage en proposant un simili clip pétri de références 2.0.

Prix des écoles : “Je suis l’apache” de Léonie Violain

Influencée par Xavier Dolan et Wes Anderson, la réalisatrice Léonie Violain se détache avec une maturité fascinante de ses maîtres en créant un univers personnel et sensible. La maîtrise de la photo, de la direction d’acteurs et du découpage technique nous entraînent dans un teen movie atypique et émouvant. Si bien qu’on a envie de dire que c’était elle, la grande révélation de l’édition 2019. Affaire à suivre.

Prix des Médias : “Je suis nous” de Noé Depoortere

Seul prix qui n’ait pas été décerné par le Jury de professionnels avec le Prix du Public, “Je suis Nous” a remporté l’adhésion des Médias. En tant que juré, l’émotion était palpable dans la salle lors des projections anticipées. La recette gagnante du stop motion pourrait paraître simple, mais sous couvert de mignonnerie le thème abordé n’était pas des plus évidents. Une véritable réussite au prix de quelques larmes.

Prix du Public : “Je suis la vie” d’Adrien Favre

Dernier film du palmarès, “Je suis la vie” se caractérise par un véritable engouement populaire : le plus grand nombre de votes lui revient. Pamphlet contre la chasse, on a du mal à trouver un véritable intérêt cinématographique au court métrage qui tient davantage du spot de prévention, en dehors de sa magnifique restitution de la nature. C’est aussi le jeu du Nikon Film Festival.

Par Marin Woisard